Le mal-être des paysans

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L’association L214 a publié jeudi de nouvelles images tournées dans l’abattoir de Limoges montrant des vaches laitières gestantes au moment de leur abattage. Il est très choquant de voir des vidéos où les fœtus finissent dans des bennes d’équarrissage mais malheureusement on évoque rarement la souffrance des paysans et particulièrement des éleveurs qui n’arrivent plus à dégager un revenu pour faire vivre leurs familles. Depuis 2 ans, la définition des animaux est passée dans le code civil de « bien meuble » à « être vivant doué de sensibilité » pour autant, il ne faut pas mettre les animaux au même rang que celui des êtres humains.

Les éleveurs laitiers et allaitants ont été obligés de décapitaliser leurs cheptels suite aux baisses de prix à la production et aux aléas climatiques.

2016 a été une année très difficile pour les éleveurs laitiers avec une offre européenne en très forte augmentation suite à la fin des quotas laitiers, une demande plus faible à cause de l’embargo russe et un ralentissement des importations chinoises. Ces 3 critères restent les éléments fondamentaux d’un déséquilibre du marché mondial. En 2015, 30 % des agriculteurs déclarent des revenus professionnels inférieurs à 4?248 €, soit 354 € de revenus mensuels. A la vue de ces images choquantes, on s’offusque de voir des fœtus aller dans les bennes d’équarrissage et on se voile la face sur les 417 hommes et 68 femmes qui se sont suicidés en 2015 notamment chez les éleveurs (bovins-lait et bovins-viande) âgés de 45 à 64 ans.

L’association L214 devrait s’inquiéter des accords de libre-échange signés entre le Canada et l’Union Européenne avec l’assouplissement de la réglementation sur les produits phytosanitaires et l’autorisation d’arroser les carcasses d’animaux à l’acide lactique. Il serait mal venu que l’on accepte des produits qui ne répondent pas aux mêmes cahiers des charges et conditions d’élevage comme le poulet au chlore ou le bœuf aux hormones.

Le MODEF dénonce l’organisation industrielle des abattoirs entrainant de graves dysfonctionnements par rapport au bien-être animal : étourdissement inefficace, cadences d’abattage trop rapides, non prise en compte de la perception des animaux… Le MODEF revendique que les éleveurs puissent avoir un droit de regard et un droit d’agir lors de l’abattage de leurs animaux. Face à ces anomalies, il existe d’autres alternatives pour promouvoir la mise en œuvre d’outils d’abattage de proximité en lien étroit avec les paysans, permettant d’éviter du stress chez les animaux et de les abattre dans de meilleures conditions, tel que le pôle viande de Bourganeuf..

Le MODEF est conscient de la nécessité de développer l’agriculture de proximité et de favoriser des circuits de distribution courts ou de proximité. Les producteurs eux-mêmes sont de plus en plus nombreux à adopter de nouveaux modes de culture respectant l’environnement et recherchant une plus grande proximité dans la distribution de leurs produits.