Comptes de l’agriculture : la mort est dans les prés

768

Les données publiées par la Commission des Comptes de l’Agriculture de la Nation aujourd’hui montrent « le massacre » des exploitants familiaux. Le revenu moyen d’un exploitant agricole français net de charges a chuté de 22 % et un agriculteur sur 2 dégage moins de 350 €/mois. Il est scandaleux de voir qu’un agriculteur sur 2 dégage un revenu en dessous du seuil de pauvreté. La crise est tellement profonde masque la diminution du nombre d’exploitants impliquée par la baisse du revenu.

La politique libérale des gouvernements successifs a amené l’Agriculture dans une impasse avec des prix bas, aggravées par des crises sanitaires successives…

Le modèle agricole productiviste et libérale lancé dans les années 60 qui a poussé à la modernisation des exploitations arrive à bout aujourd’hui. La recherche du profit maximum imposée par les actionnaires des grands groupes fournisseurs de l’Agriculture, des grands groupes de l’agro-alimentaire, de la grande distribution, tend à réduire les salaires, et vole le revenu des paysans qui travaillent à perte.

Un nouveau coup dur pour les éleveurs et notamment les éleveurs laitiers avec des prix qui continuent de baisser de 6,5 %. Idem pour les éleveurs allaitants, du fait d’un surcroît des vaches laitières en lien avec les difficultés de la filière laitière, les prix ont chuté de 4,7%. Depuis la fin des quotas, le prix du lait a baissé de 25 % et les éleveurs laitiers sont au bout du rouleau et ils sont de plus en plus nombreux à avoir engagé une procédure de dépôt de bilan.

La valeur de la production agricole hors subvention des productions végétales a baissé de 8,7 % victime de nombreux aléas climatiques (les gels, les pluies de printemps et la sécheresse de l’été dernier) qui ont entrainé des rendements faibles et des prix toujours en baisse.

Le MODEF tire la sonnette d’alarme sur la situation économique des exploitants familiaux qui n’arrivent plus à vivre de leur métier. Les trésoreries des exploitants familiaux sont au plus bas voire négatives. Dans l’urgence, ce ne sont pas des paroles mais des actes forts qu’attendent les paysans de la part de l’État. Avec la baisse des prix, les méventes, les exploitants familiaux ne peuvent plus attendre. Le MODEF solidaire des exploitants familiaux demande auprès du Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation en urgence une avance de trésorerie des aides PAC à hauteur de 50 % à taux zéro. LE MODEF RÉCLAME À CORS ET À CRIS DES PRIX RÉMUNÉRATEURS. Mais cette revendication des exploitants contrevient aux règles de la concurrence libre et non-faussée énoncées dans les traités qui fondent l’U.E et votées par les gouvernements successifs. L’UE doit mettre en place une vraie politique de régulation des marchés et de sécurité alimentaire en veillant à ce que les stocks soient suffisants pour couvrir d’une année sur l’autre les pertes ou baisses de production liées aux aléas climatiques ou à l’état sanitaire des végétaux et animaux.

Pour le MODEF, des mesures d’encadrement apparaissent indispensables pour sortir les paysans de la vente à perte imposée chaque année. Il est urgent de prendre des mesures législatives pour fixer des prix minimums garantis rémunérateurs pour les produits et imposer un coefficient multiplicateur entre les fournisseurs et la grande distribution.

Angoulême, le 6 juillet 2017

Le Secrétaire Général,
Pierre THOMAS