Les états généraux sans le MODEF

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Les Etats Généraux de l’Alimentation sont censés relancer la création de valeur dans toute la chaîne alimentaire et générer les conditions nécessaires aux exploitants pour vivre dignement de leur travail grâce à des prix rémunérateurs. Or, dans les faits, le MODEF n’est invité à participer qu’à 4 ateliers sur les 14, alors que les autres syndicats sont invités à tous les ateliers. Le MODEF dénonce cette exclusion et demande au gouvernement de lever tous les obstacles et discriminations contraires au pluralisme. Cette exclusion du MODEF aux États Généraux de l’Alimentation, lieu d’expression et surtout de revendications, est une porte fermée à l’expression des exploitants familiaux.

Dans une démocratie les syndicats jouent un rôle important reconnu par la constitution depuis la fin du 19ème siècle. Les syndicats sont un outil au service d’une catégorie sociale, d’un métier, d’un secteur économique, d’une filière … Ils jouent à la fois un rôle collectif et individuel. Notre organisation syndicale se bat et apporte sa pierre à la construction d’une Agriculture reconnue par des millions de consommateurs, que celle imposée et niant le travail et les apports des hommes et des femmes au profit des structures de type capitaliste. Bien que défavorisée par le système électoral, notre organisation a toujours mené des combats justes, à l’instar du statut des conjointes ou conjoints d’exploitants. Aussi juste celui pour une retraite digne des paysans, pour des prix rémunérateurs, pour une coopération à taille humaine, pour le droit d’expression ; pour l’installation et le renouvellement des exploitants, pour une Agriculture citoyenne, solidaire, respectueuse des hommes et de l’environnement.

Le MODEF constate que la main invisible du gouvernement sur le marché basé sur la concurrence libre et non faussée ne profite qu’aux entreprises de l’agroalimentaire et à la grande distribution au détriment des travailleurs de la terre. Sans revenu, pas de paysan, pas d’installation et les paysans restants sombrent dans la pauvreté et la précarité. Depuis 2010, la France, pays agricole, perd chaque année 30 000 exploitations et le revenu moyen atteint des niveaux indécemment bas. Pour preuve, en 2016, la MSA indique que 50 % des agriculteurs ont perçu un revenu moyen de 354 €/mois. Seul un gouvernement responsable, soucieux de son économie nationale votera de véritables mesures qui permettront de mettre un terme à l’hémorragie et conduiront à l’amélioration du revenu des paysans.

Le MODEF attend des mesures législatives nationales et européennes en exemption des règles de la libre concurrence européenne pour fixer des prix minimums garantis rémunérateurs pour les produits agricoles. L’observatoire des prix et marges des produits alimentaires doit servir à équilibrer les marges de l’amont à l’aval d’une filière agroalimentaire.

Angoulême, le 6 septembre 2017

Le Président du MODEF,
Jean MOUZAT