L’Europe veut-elle encore des paysans ?

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Avant de parler de la future PAC, le MODEF regrette que le gouvernement ne tienne pas ses engagements pour la PAC en cours. À compter de 2018, les mélanges de légumineuses fourragères et d’herbe ne sont plus éligibles pour l’aide couplée légumineuses fourragères. Cette décision est inacceptable car les éleveurs pouvaient implanter des légumineuses fourragères (luzerne, trèfle, pois, lupin, féverole…), pures ou en mélange (à condition que les légumineuses soient majoritaires au semis) permettant de capter l’azote nécessaire pour le développement des prairies afin d’atteindre l’autonomie fourragère des exploitations d’élevage.

Le Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation a annoncé lors du congrès de la FNSEA qu’il n’augmenterait pas l’enveloppe du paiement redistributif. La hausse de la surprime reste vitale pour le maintien des exploitants familiaux et tout particulièrement les éleveurs. Le gouvernement devra prendre des dispositions à la hauteur de la gravité de la crise sans quoi, il condamne les exploitations agricoles à entrer dans les procédures collectives de redressement, liquidation judiciaire ou arrêter leurs activités sans négliger les conséquences sur la biodiversité, le tourisme, l’économie rurale…etc.

Le budget de la PAC représente 38 % du budget européen et 20 % du budget PAC est destiné aux agriculteurs et 80 % pour le développement rural par le biais du FEADER. Le MODEF refuse la baisse du budget annoncé de « moins de 10 % » pour le monde agricole et rural sachant que sans subvention, 60 % des exploitations auraient un résultat courant avant impôt (RCAI) négatif.

Les premières propositions pour la PAC post-2020 que la Commission de Bruxelles doit adopter le 29 mai vont dans le bon sens du MODEF pour maintenir des petites et moyennes exploitations notamment les paiements directs devront être plafonnés à 60 000 € par exploitation (en tenant compte de l’emploi) et le paiement redistributif (pour les premiers hectares) sera obligatoire. Cependant, le MODEF craint que ces premières propositions n’aillent pas jusqu’au bout sachant que la France et l’Allemagne défendent un modèle agricole ultra-libérale et productiviste.

Le MODEF poursuivra son combat pour obtenir une redistribution des aides plus équitables afin de majorer celles des petites et moyennes exploitations et contrer l’action de lobbying menée par l’agro-finance et soutenue par les syndicats majoritaires. Ces derniers étant opposés à toutes mesures qui réduiraient le montant des aides perçues par les grosses exploitations.

Angoulême, le 27 avril 2018

Le secrétaire général du MODEF,
Pierre THOMAS
Tél : 06 87 43 97 95
Confédération nationale des Syndicats d’Exploitants familiaux