La grande distribution écrase l’agriculture française

1974

Dès les années 60 le MODEF dénonçait les marges excessives prises par les nombreux intermédiaires qui sévissaient entre le producteur et le consommateur.

Le nombre d’intermédiaires s’est progressivement réduit au fur et à mesure de la montée en puissance de la grande distribution sans que pour autant les marges baissent. Aujourd’hui, il n’y’a plus que quatre grandes centrales d’achat (Auchan-Système U, Intermarché-Casino, Carrefour-Cora et Leclerc) et elles représentent 92 % du marché face à 10 000 fournisseurs. Les centrales d’achat ont une prise de position dominante sur le marché Français.

Les négociations annuelles se déroulent entre le début du mois de novembre et la fin du mois de février. Durant quatre mois, les négociateurs des quatre centrales d’achat de la grande distribution reçoivent des entreprises agro-alimentaires pour discuter des conditions de la mise en rayon de leurs produits et surtout de leur prix pour 12 mois. Les fournisseurs sont harcelés moralement lors de ces négociations, « tes produits sont de mauvaises qualités, comment tu veux qu’on t’achète ça ? » afin de tirer les prix vers le bas et surtout que les actionnaires de la grande distribution puissent préserver leurs marges.

Depuis la mise en place du CICE sous la présidence de François HOLLANDE, les négociateurs des centrales d’achat avaient pris l’habitude d’exiger des baisses de prix supplémentaires égales à 50% de l’aide attribuée aux entreprises à ce titre. Or les grandes surfaces sont aussi bénéficières du CICE d’un montant de 522 millions d’euros. Cet argent public ne sert pas à protéger ou à créer de l’emploi mais à engraisser les actionnaires. La CGT a répertorié 10 000 suppressions d’emplois rien que pour l’année 2018 dans un secteur qui engrange quelque 200 milliards d’euros de chiffres d’affaires.

Outre une amende de 100 millions d’euros imposée par Bercy à Leclerc le mois dernier pour avoir imposé des ristournes à ses fournisseurs, le secteur va bien ! La loi alimentation n’a pas permis de réguler les négociations de prix car le prix aux consommateurs a augmenté de 4 % depuis le 1er février alors que le prix d’achat des produits a diminué de 0,4 %. Pour le MODEF, le compte n’y est pas et exige dans l’intérêt des exploitants familiaux un renforcement des règles encadrant les pratiques de la grande distribution.

La France ne produit que 60 à 70% de sa consommation ceci est le résultat des politiques de la grande distribution de privilégier les importations pour casser les prix. Cette politique d’import fait suite à la suppression des frontières à l’intérieur de l’UE et l’ouverture des marchés européens aux pays tiers. De même les producteurs français et européens sont soumis à de fortes contraintes sanitaires et environnementales, qualitatives sans que ces mêmes contraintes ne s’appliquent aux produits importés entraînant d’inadmissibles distorsions de concurrence.

Sur certains produits agricoles, les marges de la grande distribution ont presque doublé en 10 ans au détriment des paysans et des consommateurs. L’agroalimentaire et la grande distribution utilisent les importations à bas prix pour faire pression sur les prix des productions agricoles. Les GMS et l’agroalimentaire considèrent toujours les agriculteurs comme de simples fournisseurs de matières premières.

Depuis 25 ans le MODEF dénonce avec acharnement les pratiques de la grande distribution qui rackette les producteurs et les consommateurs, en organisant symboliquement des actions de distribution vente à prix rémunérateurs devant les GMS dans les citées populaires ou place de la Bastille à Paris.

LES PROPOSITIONS DU MODEF

1. Coefficient multiplicateur
Mise en place de coefficient multiplicateur plafond et permanent pour tous les produits agricoles périssables frais ou transformés.
Ces coefficients multiplicateurs seront fixés pour chaque catégorie de produits agricoles par le Conseil de la concurrence.
Ces coefficients multiplicateurs s’appliqueront entre le prix d’achat au producteur et le prix de vente au consommateur.

2. Interdiction de vente à perte
Le MODEF demande que l’interdiction de vente à perte soit non seulement maintenue mais élargie aux agriculteurs de sorte que les centrales d’achats ne puissent pas acheter aux producteurs à un prix inférieur aux coûts de production. Ce prix plancher deviendrait ainsi un prix minimum garanti et rémunérateur.

3. Interdire les produits traités avec des molécules interdites en France

4. Taxation des produits agricoles importés
Les produits agricoles importés seront grevés de droits de douane de sorte que leur prix d’entrée sur le marché européen ne puisse être inférieur aux coûts de production (rémunération des exploitants agricoles) européens des produits agricoles concernés.

5. Mise en place de calendriers d’importations des produits agricoles entre la France et les pays européens afin de protéger nos producteurs et limiter les transports.

6. Donner au Conseil de la concurrence et à la DGCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) les moyens humains budgétaires et juridiques d’enquêter afin de réprimer toute entente illicite entre les grandes centrales d’achat.

7. Rendre obligatoire et permanent le double affichage des prix agricoles (prix à la production et prix de vente aux consommateurs).

8. Maintenir et rendre transparentes les décisions des commissions départementales d’examen des demandes d’implantation ou d’extension des GMS par ouverture des séances au public.

Fixer pour chaque contrat type de vente de produits agricoles aux centrales d’achat et de distribution des prix nets plancher.