Le 22 mai 2023, la Cour des Comptes a publié deux recommandations pour anéantir l’élevage bovin français. La première est « mieux accompagner les éleveurs les plus en difficulté un dispositif d’aides à la reconversion sur la base de cahier des charges publics et précis, définis en cohérence avec les objectifs économiques, environnementaux et sociétaux affichés. La deuxième est « définir et rendre publique une stratégie de réduction du cheptel bovin cohérente avec les objectifs climatiques ». Ce rapport est publié quelques jours après l’inauguration de la plus grande usine de viande végétale par l’ancien Ministre de l’Agriculture.
Il est également préconisé dans ce document « par ailleurs, autant pour diversifier les revenus et que pour contribuer la transition, la production d’énergie (de biogaz par méthanisation, d’électricité dans le cadre de l’agrivoltaïsme) peut constituer une opportunité à saisir par les éleveurs français). Le message est clair : diminuer les bovins et produisez de l’électricité ! Le MODEF est vent debout contre ce rapport car malheureusement le cheptel bovin a perdu 9,5 % de ses effectifs en six ans soit 837 000 vaches. La décapitalisation du cheptel de vaches allaitantes s’est accélérée en 2022. Le rythme annuel de baisse est passé de 2,8 % fin 2021 à 3 % en 2022.
Le vieillissement des éleveurs en production bovine est massif. En 2018, 51,5 % des producteurs allaitants ont plus de 50 ans et 49,5 % pour les laitiers. D’ici 2030, la France devrait perdre 584 000 vaches et 2 % d’éleveurs par an. Ces chiffres sont alarmants ! Aujourd’hui, le renouvellement des générations est en perte de vitesse, un producteur de bovins viande sur 6 n’est pas remplacé. Pour le MODEF, le défi majeur est bien le renouvellement des générations.
Faut-il que vaches, porcs, et moutons disparaissent entièrement du paysage pour qu’il y ait une prise de conscience de la part des autorités européennes et nationales. Aujourd’hui, l’élevage de bovins est menacé par le gouvernement et le Président de la Cour des Comptes.
Pourtant l’élevage bovin plein air, extensif est vital pour nos territoires car il structure et aménage nos territoires, participe au maintien de la biodiversité, fournit à la population l’alimentation dont elle a besoin. Il est l’ambassadeur de nos régions par la qualité de ses produits et leur lien au terroir.
L’élevage à l’herbe comme dans le Massif-Central ou le Jura permet de stocker du carbone et de préserver la biodiversité. Le MODEF insiste sur l’intérêt de la sauvegarde et de l’entretien des prairies naturelles par l’élevage. L’élevage joue un rôle essentiel sur les prairies pour lutter contre le réchauffement climatique en stockant le carbone dans les sols. En effet, l’élevage à l’herbe permet de compenser ses émissions de méthane notamment grâce au pâturage sur prairies permanentes.
En France, une partie de la biodiversité se trouve dans les prairies et elles représentent environ la moitié de la surface agricole française. Il est indispensable de sauver l’élevage français !
Le MODEF considère qu’il faut mettre un coup d’arrêt à l’industrialisation de l’Agriculture. L’avenir de l’Agriculture passe par le développement d’une Agriculture familiale et paysanne.
Nous nous battons pour maintenir une agriculture rémunératrice, solidaire, durable, responsable et créatrice d’emplois sur les territoires ruraux.
Angoulême, le 26 mai 2023,
Le Président de la Commission élevage du MODEF,
Pierre COURET
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