FRANCE, INDE, MÊME COMBAT PAYSAN

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Il est des revendications dont on mesure la justesse et la nécessité par la promptitude qu’ont les personnes de pouvoirs à les embrasser pour mieux les étouffer. Tel fut le cas avec la loi Egalim qui n’est finalement qu’un projet creux qui veut faire croire aux paysans que le gouvernement cherche à améliorer les prix agricoles.

 

Alors que ceux-ci sont ballottés au gré des spéculations boursières, des accords de libre-échange et des aléas climatiques, obtenir un prix rémunérateur garanti et un encadrement des marges sont une nécessité vitale.

Cette revendication prend d’autant plus de force que le voile se déchire sur la véritable raison qui lui fait obstacle : la compression maximum des prix agricoles est un outil qui permet de s’opposer plus facilement aux revendications ouvrières et ainsi, au détriment du travail, d’augmenter les profits de l’industrie, du négoce et de la banque.

 

Ainsi, l’accumulation pour quelques-uns conduit à un affaiblissement de l’Agriculture familiale, à un glissement vers une Agriculture industrielle et une spécialisation outrancière. Il n’y a pas besoin de démontrer les ravages sociaux, les dangers sur le plan de la souveraineté alimentaire et l’incapacité à répondre aux défis environnementaux d’une telle Agriculture.

 

Cependant malgré les stratagèmes, les coups tordus et la propagande, la question de la juste rémunération du travail agricole chez nous et dans le monde reste toujours une préoccupation essentielle de la paysannerie.

C’est ce qui se passe actuellement en Inde, où un puissant mouvement paysan conteste le projet de libéralisation du secteur agricole qui mettra en pièces le système de prix minimum garantis par l’État. Cette contestation est la démonstration que partout les résistances peuvent s’organiser et les alternatives se construire pour mettre fin à l’insupportable spoliation du travail paysan par les forces de l’argent.

 

Le MODEF soutient cette lutte car la question des prix planchers rémunérateurs garantis par l’État est depuis toujours au cœur de nos revendications. Nous insistons sur cette garantie au regard de nos expériences passées.

Quel serait le prix plancher de la rémunération du travail ouvrier qu’est le SMIC, s’il n’était pas encadré par des mesures législatives ? Une illusion !

 

Nous soutenons d’autant plus la lutte des paysans indiens que nous sommes tous liés dans ce monde. L’évolution des moyens matériels et des échanges mondiaux fait que notre souveraineté alimentaire dépend de celle de notre voisin, que les solutions strictement individuelles ne sont plus que chimères, que la volonté de domination conduit au chaos, que l’accumulation s’oppose au progrès … Toute lutte sociale victorieuse est une victoire pour l’ensemble des travailleurs.

 

Le temps et venu de porter, une nouvelle fois, haut et fort ce combat, ici comme à l’autre bout du monde, c’est une exigence de notre temps, notre cause commune.

 

Christian REIGUE

Édito 715