Mais qui sont donc ces « éleveurs » qui lancent cette idée pour le moins saugrenue voire risible si elle n’était pas totalement déconnectée de la réalité du terrain ?
Mais peut-être que leurs émoluments syndicaux leur permettent-ils de pouvoir se lancer dans ce combat style Donquichotte et sa fidèle Rossinante contre les moulins à vent des plaines de la Mancha.
On ne peut pas croire que ces « responsables » professionnels ne connaissent pas les grands équilibres du commerce mondial qui reposent sur la règle de l’offre et la demande. Mais il faudrait avoir l’esprit tordu pour penser que leur organisation aurait quelques intérêts croisés, du genre mécénat, avec ceux que nous appellerons les distributeurs … ou pas … l’esprit tordu je veux dire. En revanche il est sûr que lorsque les animaux de boucherie sont prêts à partir, les jours de plus qu’ils passent en ferme sont autant de dépenses qui ne ramènent aux producteurs concernés que des charges en plus. Et là on rentre dans le vif du sujet.
En effet le MODEF considère, et ce depuis sa création, que l’alimentation humaine est un enjeu de souveraineté nationale et les paysans qui sont à la base même de sa production doivent vivre dignement de leur métier. Cela commence par une juste rémunération des productions agricoles.
L’enjeu est également sociétal : la répartition équilibrée et harmonieuse sur tout le territoire national des différentes productions permet de diminuer l’impact de l’agriculture en termes de pollution, de rapprocher les producteurs des lieux de consommation, de retisser ce lien entre les uns et les autres loin de ceux cités plus haut qu’ils appellent, dans un terme très agro Farmer, l’agribashing.
Si demain la société veut garantir l’approvisionnement et la qualité de son alimentation, les responsables politiques doivent légiférer dans ce sens.
Voilà simplement le billet d’humeur d’un éleveur qui pendant toute sa carrière a mieux passé les périodes où il vendait ses bêtes de boucherie dans des délais normaux que quand il fallait attendre des semaines entières comme lors des crises sanitaires telle l’ESB, la fièvre aphteuse, la FCO… et le Covid19 donc.
Surtout ne vous en faites pas il y en aura d’autres. Avec le réchauffement climatique, les maladies tropicales portées par les animaux sous ces latitudes ne manqueront pas de sauter les mers.
Patrick SAGE
Édito 708