Selon les communiqués issus des réunions de négociations « les deux pays entendent travailler ensemble… pour répondre… aux nombreux défis que devra relever la filière vitivinicole franco-espagnole dans les années à venir… ». Cependant, rien de concret, rien de positif. Les professionnels des deux pays voient loin mais occultent les difficultés vécues par les viticulteurs et leur mal vivre et suicides engendrés par la situation.
Thèmes à peine abordés, peu développés mais bien entendu, lorsqu’il s’agit de mesures règlementaires coercitives la rapidité d’exécution est foudroyante. Quelles sont les intentions réelles ? Satisfaire les trusts de la boisson par la mise en place d’une viticulture industrielle produisant des vins à bas prix ? Ignorés, le rôle des importations, l’emploi des produits phytosanitaires et toxiques autorisés en Espagne et interdits en France, le revenu et toutes les questions essentielles. Plusieurs rencontres sont prévues d’ici juin 2018, à Madrid.
Répondant à un sénateur, le ministre français de l’Agriculture a reconnu que « les importations de vins espagnols sont en augmentation et les contrôles se poursuivront en 2017 et 2018 ».
Aucune réponse non plus de la part du ministre sur la situation de détresse des victimes du gel et de la grêle de 2014, de la sécheresse de 2016 alors qu’ils souffrent encore de la mévente et des importations de vins espagnols. Se profilent aussi les conséquences du gel 2017 suivi de la grêle.
Malgré des « mesurettes », toute la filière va en pâtir, du producteur de bouchons de liège au fournisseur de matériel et produits divers. Des victimes collatérales dont l’activité est mise en danger.
L’État ne répond pas à la création d’une assurance récolte grêle-gel. Il se dédouane en favorisant le privé et rejette, de fait, la création d’une véritable caisse mutualiste de calamités agricoles abondée par l’agrochimie et les grandes et moyennes surfaces, comme le demande le MODEF depuis des décennies.
Le ministre n’a donné aucune réponse aux nécessaires mesures d’accompagnement sollicitées pour les agriculteurs en difficulté. Cette non réponse à la détresse est source de drames humains, mais le ministre en est-il conscient ou se rallie-t-il au Président de la République qui estime qu’il y aurait une différence « entre ceux qui réussissent et ceux qui ne sont rien » ?
La route, pour obtenir satisfaction, risque d’être longue voire encombrée par de nécessaires mouvements revendicatifs. Le MODEF se doit d’en être partie prenante, d’autant que le ministre a concédé une rencontre avec la profession le 6 septembre… en pleines vendanges.
Jean-Luc LAROCHE Secrétaire National
Confédération nationale des Syndicats d’Exploitants familiaux